Colchiques dans les prés, fleurissent, fleurissent, Colchiques dans les prés, c’est la fin de l’été…
Une belle petite fleur qui apparaît ces jours-ci dans nos campagnes… Et qui contient un poison assez sympa…La colchicine.
Cette molécule est un inhibiteur de la polymérisation de la tubuline, et à ce titre, est un poison notoire (la DL50 chez la souris est d’environ 6mg/kg par voie orale). A ce titre, elle est aussi très utilisée en médecine, et est une source d’inspiration pour la recherche de nouveaux anti-cancéreux.
Mais n’allons pas trop vite. La tubuline, ou plutôt les deux tubulines α et β sont des protéines qui vont polymériser pour former les microtubules. Ah, vous êtes bien avancés maintenant que je vous ai dit ça ! Bon, les microtubules sont les autoroutes des cellules, sur lesquelles vont se déplacer des kinésines qui vont transporter des vésicules d’un bout à l’autre de la cellule. On le voit très bien sur cette vidéo in vivo, assez remarquable :
Et, pour une assez amusante vue d’artiste de ce transport, vous pouvez aussi regarder celle-là :
Et au delà de ce « simple » transport de vésicules, ce sont les microtubules qui forment le fameux fuseau mitotique, nécessaire au transport des chromosomes lors de la mitose, c’est à dire de la division cellulaire :
Le fuseau mitotique apparaît dans cette vidéo en blanc, prend en charge les chromosomes, et provoque leur migration le long de ces filaments de microtubules jusqu’aux deux centromères, à proximité desquels les noyaux des deux cellules filles vont se reformer.
L’inhibition de la formation de ces microtubules est extrêmement toxique pour la cellule : elle ne peut plus se diviser, et le transport des vésicules n’est plus guidé dans le cytoplasme.. La stabilisation de ces macro-molécules peut aussi être fatale : en fait, ce polymère des tubulines « se fait » et « se défait » en permanence, et le blocage de l’un ou l’autre de ces processus empêche les microtubules d’être opérationnelles.
Ainsi, on a identifié plusieurs composés qui interagissent avec les tubulines pour stabiliser, ou déstabiliser le polymère. On avait déjà parlé ici du taxol, qui est un stabilisateur des microtubules. Il y a maintenant la vincristine, et ainsi la colchicine, qui bloquent la polymérisation, en s’insérant entre les tubulines α et β :
Si la vincristine, et le taxol sont utilisés en chimiothérapie contre divers cancers, la colchicine a des indications bien plus larges. Sa déstabilisation des microtubules ayant des conséquences sur la mobilité cellulaire, elle inhibe l’activité des neutrophiles, et ainsi a des propriétés anti-inflammatoires.
Disons que dans la nature, il y a des poisons plus ou moins utile. La colchicine fait partie de ceux dont la médecine n’aimerait pas avoir à se passer.