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Gif de Science #6 Aquaporine

Regardez au centre de cette structure, le petit composé jaune : c’est en réalité une molécule d’eau, comme toutes les autres (rouges et blanches) qui se déplace au coeur d’un canal membranaire appelé aquaporine. Ce canal a la propriété de ne laisser passer uniquement de l’eau, et molécule après molécule…

Les scientifiques espèrent pouvoir l’utiliser (ou en réaliser des artificielles) pour purifier / dépolluer / désaliniser l’eau impropre à la consommation. Un exemple : des nanotubes de carbone ! (http://science.sciencemag.org/content/357/6353/792)

Peter Agre a reçu en 2003 le Prix Nobel de Chimie pour les avoir découvertes.

(Source du GIF : cette vidéo, à retrouver sur Youtube)

les plantes et leurs poisons (5): le ricin

Le ricin (Ricinus communis) est une jolie plante ornementale, avec de larges feuilles découpées vertes-rouges.

Mais vous connaissez sans doute mieux encore l’huile qu’on peut obtenir à partir de ses graines : l’huile de ricin. Ce corps gras a d’innombrables utilités. En anglais, c’est le fameux « Castor Oil » (qui n’est définitivement pas de l’huile de castor) qui est présent sur tant de cosmétique. On l’utilise aussi en cuisine mélangée à d’autres huiles, ou pour remplacer le beurre de cacao dans le chocolat. On l’a aussi utilisé comme lubrifiant en automobile, et sa richesse en certains composants en font une matière première de choix pour l’industrie plastique. Du coup, la production mondiale de graine de ricin se compte en millions de tonnes par an (source : wikipedia). En voilà une super plante utile pour l’homme, non ?

Oui, certes. A condition de préparer l’huile de ricin correctement. Ah, je ne vous ai pas dit ? Que les graines contiennent une substance tellement toxique que 2 mg suffisent à tuer un homme adulte ? Bon, et bien c’est fait !

Cette substance, c’est la (bien nommée) ricine. Jusqu’à présent, les poisons que je vous ai présentés étaient des molécules organiques « simples ». Quelques dizaines d’atomes de carbone tout au plus. Avec la ricine, on entre dans la catégorie au dessus. Il s’agit d’une protéine. Le chimiste, biochimiste, ou le biologiste savent parfaitement ce que c’est. Pour le profane, deux mots de description s’imposent.

Pour avoir une idée a peu près claire de ce que sont les protéines, il faut savoir jouer avec des legos. Vous imaginez, un jeu de lego, avec une vingtaine de brique de base, toutes différentes, de formes, de couleurs variées ? Et maintenant, vous les assemblez comme vous voulez, pour créer toute forme de structure. Vous en avez une infinité, bien sûr ! Et même si vous utilisez les mêmes, dans le même ordre, vous avez quand même la possibilité d’obtenir des structures variées: il suffit de changer l’orientation, vers la gauche, vers la droite, en haut, en bas… Dans les protéines, les briques de lego s’appellent les acides aminés. Il y en a une vingtaine utilisée par les êtres vivants. Et des protéines, il en existe de toute taille, certaines ne contiennent que quelques acides aminés, d’autres des milliers.

Les protéines servent à tout dans les organismes : à lire, traduire, répliquer réparer l’ADN, à fabriquer toutes les substances nécessaires à la vie, etc. Elles servent aussi à se défendre. La toxine botulique par exemple, qui est le poison le plus puissant que l’on connaisse, est mortelle à hauteur de 1 nanogramme (0,000000001 g !!) par kg, et c’est une protéine. Tout comme le poison du poisson-pierre.

La ricine est une protéine de taille moyenne, (66000 Daltons, c’est-à-dire environ 5000 atomes de carbone, azote, oxygène). En raison du très grand nombre d’atomes, on laisse tomber le type de représentation qu’on a utilisé pour les billets précédents, et on représente directement sa structure 3D texturée :

 

Alors, quel est son mode d’action ? Forcément, une molécule de cette taille ne va pas être un agoniste ou antagoniste d’une autre protéine. Son action est plus complexe, une véritable machine à tuer  en deux étapes. Tout d’abord, la chaîne A se fixe sur les sucres complexes qui ornent la membrane de la cellule. Là, la ricine attend son tour : lors de processus d’invagination (la paroi se déforme vers l’intérieur de la cellule), l’extérieur de la membrane cellulaire se retrouve… à l’intérieur. La chaîne B (en orange) rentre alors en action : elle bloque les ribosomes, qui sont les usines à protéines. Les cellules ne peuvent plus ni se diviser, ni se réparer, ni produire les substances dont elles et l’organisme ont besoin. Et on meurt.

Ce qui est assez drôle / intéressant / rassurant /ou pas, c’est que la plupart du temps, les protéines ne sont pas toxiques par voie orale : nos enzymes digestives et salivaires sont là pour les découper en petit morceau, en briques élémentaires inoffensives. C’est le cas de la ricine, sauf qu’elle est tellement toxique, que le peu qui échappe à cette destruction, (profitant de son absorption sublinguale par exemple) permet quand même de mourir.

Bon c’est pas tout, mais je vais finir par vous faire tous devenir complètement phobiques des végétaux, si ça continue… Promis, la prochaine fois, je parlerais d’une plante qui est loin de nos contrées civilisées…

 

N.B. Pour ceux qui flippent déjà de voir de la ricine dans leurs cosmétiques : Cette protéine ne résiste pas à la chaleur, et l’huile de ricin est systématiquement portée à haute température pour la détruire. Bref, aucun risque de ce côté là.

Sources : Wikipedia, bien sûr !