Voici une autre star de la première guerre mondiale. Après le dichlore, nous allons décrire cette autre arme chimique, aux 100000 victimes (?)… Il s’agit d’une arme terrible, beaucoup plus toxique que le dichlore. Ce gaz de combat, de la catégorie des suffocants (comme le chlore) avait un double avantage : son odeur est très légère, et il passe donc plus inaperçu. Mais de plus les symptômes, qui mènent généralement à la mort (lorsque c’est utilisé comme arme, bien sûr), n’apparaissent que plusieurs heures après l’exposition. De quoi intoxiquer toute une armée, sans qu’elle ne se doute de rien.
Le phosgène s’appelle aussi le dichlorure de carbonyle. sa structure est simple :
C’est un composé très réactif : pour expliquer simplement, il faut déjà rapidement se souvenir que les liaisons entre les atomes sont en réalité deux électrons, qui, attirés par les noyaux des deux atomes, les solidarisent. Mais voilà, les atomes de chlore, comme celui d’oxygène, sont très « avides d’électrons ». Ils attirent à eux les électrons (qui forment les liaisons avec le carbone) de façon beaucoup plus prononcée que ce dernier. Bref, ils n’attendent qu’une occasion de récupérer entièrement les 2 électrons de la liaison, et le carbone se retrouve très pauvre en électron, et espère secrètement qu’une autre molécule pourrait suffisamment s’approcher de l’édifice pour lui en refiler un peu… [Ah ! L’anthropocentrisme en chimie !].
Ainsi, le phosgène va pouvoir réagir avec des molécules riches en électrons,donner un grand nombre de composés :
C’est la raison pour laquelle c’est un composé produit en très grandes quantités par l’industrie chimique…
Dans le corps humain, deux actions du phosgène sont notables : le phosgène peut se décomposer (faiblement ) en acide chlorhydrique, ce qui provoque des irritations cutanées, oculaires, respiratoires. Mais beaucoup moins prononcées qu’avec le chlore… Mais l’essentiel de son action consiste à réagir avec les protéines du corps, à travers des réactions « d’acylation » : simplement, certains groupements présents sur les protéines sont riches en électrons, et donc vont venir se substituer à un, puis aux deux atomes de chlore du phosgène. Les protéines deviennent inefficaces, ce qui conduit à la mort cellulaire, avant de conduire à la mort… tout court.
Comme pour le dichlore, il n’y a pas vraiment d’antidote, puisque ce produit réagit avec toutes les protéines sur son chemin. La prise en charge médicale consiste à traiter les symptômes au fur et à mesure de leur apparition. Cependant, grâce à sa (trop) grande réactivité, on peut s’en protéger aisément. Ainsi, les masques à gaz PH ont pu être utilisés dès la première guerre mondiale : ils contenaient de la méthénamine, une substance contenant des atomes d’azote, riches en électrons, qui en réagissant avec le phosgène, forme une espèce chimique inerte.
Depuis, on a inventé nettement mieux, ou plutôt, nettement plus efficace encore. Ces gaz suffocants (dichlore, phosgène) ne sont que la première génération des armes chimiques…
Sources :
Mais n’oublions pas : Quelle connerie la guerre !
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