Suite (et fin ) des exemples que l’on peut trouver dans ces formidables rapports de l’OCDE sur l’éducation. (pour voir la première partie, c’est ici).
Je ne vais pas refaire toute l’introduction précédente, sur l’OCDE. Et cette fois, je vais essayer de montrer pourquoi ces comparaisons internationales qui excitent les partis et les syndicats souffrent de limites très importantes.
Budget par an, par élèves ou étudiants.
J’utiliserais, en plus du rapport « Regards sur l’éducation 2011« , les statistiques par l’INSEE, qui en dépit de nombreuses attaques politiques, est un organisme qui reste très indépendant du pouvoir en place.
Voilà ce qu’on trouve : en 2008, les dépenses par an et par élèves du primaires jusqu’au supérieur sont légèrement au dessus de la moyenne des pays de l’OCDE. En dessous pour le primaire, au dessus pour le secondaire, et dans la moyenne pour les étudiants du supérieurs.
Ce qui est plus inquiétant pour l’éducation française, c’est qu’entre 2000 et 2008, à prix constant, l’augmentation du budget par élève en France est la plus faible de toute l’OCDE, suivi de près, il faut le dire, par l’Italie et l’Allemagne.
Venons-en aux limites de ces comparaisons. Tout d’abord, il faut avoir en tête que tous les systèmes d’éducation n’ont pas le même modèle. En France, nous avons les classes prépas, les écoles d’ingénieurs, dont les budgets par an et par étudiants sont très importants, par rapport à l’université, qui est le parent pauvre de l’éducation nationale. Mais ces différences sont gommées au niveau international, de la même manière que sont gommées les disparités entre les différentes écoles du secondaire en Allemagne, etc… Bref, déjà un point qui rend toute comparaison difficile.
Mais ce n’est pas tout. Lorsqu’on regarde l’évolution de ces dernières années, en jetant un coup d’oeil sur les rapports de l’OCDE des années précédentes, on se rend compte que la France était en 2005 nettement en dessous de la moyenne. Que s’est-il passé ? Je ne me souviens pas ces 5-6 dernières années d’investissements massifs dans l’éducation… La réponse apparaît sur la page de l’INSEE : On observe en 2006 un gros décrochage : alors que jusque là, les dépenses stagnaient globalement, d’un coup, on voit une hausse de 6 % dans le supérieur, 7 % dans le primaire, et un très léger tassement dans le secondaire. Ce qui correspond à plus de 3 % de hausse globale . C’est pas grand chose, mais en un an, c’est loin d’être négligeable. Et ça fait passer au dessus de la moyenne, surtout pour l’enseignement supérieur. Ouf. L’honneur est sauf. Le problème, c’est la petite ligne sous le tableau : « [La rupture] de 2006 est due à la modification des règles budgétaires et comptables de l’État (LOLF)« . Pas de hausse !! Un changement du mode de calcul !!
Pour autant, peut-on blâmer l’état français ? En aucun cas. C’est le jeu international. Et nul doute que tous les états de l’OCDE font de même, dès que l’occasion d’améliorer les chiffres se présentent. Mais toute comparaison devient très difficile.
Je souhaitais ici donner un autre exemple de ce type de biais. Voilà ce qu’on peut voir, du côté des créations d’entreprises : En 2009, le nombre de création d’entreprise en France a augmenté de … 75 % ! Si si, au plus fort de la crise, la France a crée grosso modo autant d’entreprises que l’Allemagne et l’Espagne réunies en 2007, avant la crise !!
Création d’entreprise en France (source : APCE : Création d’entreprise en France 2009)
En France, on sait que c’est uniquement lié à la création du statut d’auto-entrepreneur. Et on sait que plus de la moitié de ces entreprises n’ont pas réellement d’activité, quand d’autres servent à masquer des travailleurs précaires (dans le bâtiment par exemple, où grâce à ce statut, l’embauche à la journée est redevenue possible légalement). Mais quel est le regard depuis l’étranger ? Une société ultra-dynamique, optimiste sur l’issue de la crise économique, créatrice de richesse ?
Globalement, commenter ces comparaisons internationales est toujours un exercice agréable, et je m’y suis prêté avec plaisir. Mais il me semble qu’à moins d’être un spécialiste des politiques éducatives européennes, et de très bien connaître les différents pays, les commentaires qu’on peut en tirer seront toujours très creux. Cela ne les empêchera pas d’être nombreux…
Une chose, finalement, est peut-être vraiment significative : la comparaison , et surtout l’évolution de la part de la richesse d’un pays dépensée dans l’éducation. Si la France est au-dessus de la moyenne avec 6 % du PIB dans l’éducation (5,9 % en moyenne) , c’est aussi le pays de l’OCDE, avec Israël, où les dépenses éducatives ont le plus reculé entre 2000 et 2008 (6 % de moins, à euros constant).
No comment (pour une fois).
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