>Le stress du dominant… chez les babouins

>Le stress n’est pas uniquement une notion humaine : les animaux ont souvent leur dose. Prédations, maladies, luttes pour la dominance du groupe, manque de nourriture, surpopulation, ces facteurs influencent l’état des animaux. Chez les animaux destinés à l’alimentation, le stress doit être bien géré, puisqu’il influe directement sur la qualité de la viande [1]!

Même si le « stress » est difficile à définir, on peut le mesurer aux taux de certaines hormones, comme par exemple le cortisol, ou encore la noradrénaline. Dans l’étude qui nous intéresse, c’est chez les babouins qu’on a cherché à évaluer le « stress » vécu par les différents individus, suivant leur statut social, mâles dominants alpha (les plus hauts placés), beta (ceux qui arrivent juste en dessous) et les autres (les « omega ») [2]. 
Les études réalisées chez des primates ont jusqu’alors présenté des résultats différents : parfois les dominants étaient plus stressés, parfois… non. En particulier, des études menés par R.M. Sapolsky (un des pionniers dans ce domaine), tendait à prouver que les dominants étaient moins stressés que les autres en période de stabilité hiéarchique, mais que la situation s’inversait lors de périodes instables.

Pour ces travaux, les chercheurs ont étudiés les taux de cortisol dans les matières fécales d’une grande population de babouins pendant 9 ans. Première constatation, chez ces babouins, le stress augmente en période d’instabilité. Chez tous les babouins, des chefs aux sous-fifres ! Bref, pas d’inversion entre les différentes catégories. Seconde constatation, et beaucoup plus surprenante : alors que les sous-chefs (les « beta ») ne sont pas trop stressés, voilà que les « alpha » se retrouvent au même niveau (élevé) de stress que les « omega » ! D’après les auteurs, être le grand manitou, c’est dépenser plus d’énergie, car on passe plus de temps à se battre, et à …batifoler. Même si les sous-chefs se battent et batifolent aussi, c’est moins souvent, et ça prend moins de temps. Quant aux omegas, s’ils sont stressés, c’est qu’ils mangent moins ! 

Vous l’aurez compris, chez les babouins, être sous-chef, ça a du bon ! Bien sûr, ces travaux n’ont rien de transposable aux humains, dont les relations sociales sont beaucoup plus complexes. A quand, des études sur les matières fécales humaines dans des grandes entreprises, ou au gouvernement ?


Sources :
[2]L.R.Gesquiere et al., Science 2011333357

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