>
Premières statistiques : le salaire des enseignants.
Très commenté… par Le Monde, Luc Chatel, tel député de la majorité UMP, tel candidat à la primaire socialiste,… Et on entend de tout : salaires tout à fait dans la norme de l’OCDE, voire au dessus en fin de carrière ; salaire en diminution depuis 15 ans, tout à fait convenable pour certains, insuffisant pour d’autre.
Allez, plongeons-nous dedans… Faut dire que c’est tout un chapitre des « Regards sur l’éducation ». Voici le lien pour le télécharger en pdf.
Encore une remarque préliminaire : les salaires ont été lissés en fonction du coût de la vie (c’est la mention « sur la base des PPA« )
Et tout de suite, première statistique : en 2009, la France est en dessous de la moyenne de l’OCDE quant à la rémunération des enseignants en début de carrière, au bout de 10 ans, au bout de 15 ans de carrière (entre 5 et 10 % d’écart). Par contre, à l' »échelon maximum », un enseignant français dépasse la moyenne au dessus d’environ 5-10 %).Sans ambiguïté.
Si on regarde les 3 premières statistiques (en début de carrière, après 10 ans, après 15 ans), là où c’est assez inquiétant, c’est que tous les pays comparables à la France font mieux. Je ne parle pas du Luxembourg, où un enseignant commence à 80000 USD par an ! ni de la Hongrie, où il ne dépasse pas les 20000 à la fin de la carrière. Si on regarde l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, etc… Tous sont au dessus de la France.
Si on regarde le fameux « échelon maximum », qui fait dire à certains qu’en France, en fin de carrière, les enseignants sont plutôt bien lotis, on est au-dessus de l’OCDE, mais encore en dessous de la Belgique, Allemagne, USA, Espagne, Portugal, … On est mieux qu’en Italie, Suède, Norvège. Encore faut-il savoir qui atteint cet échelon. Sur le site du ministère, on peut voir que le salaire en fin de carrière varie entre 2500 et 3000 euros, en fonction de l’avancement. Manifestement, tout le monde n’atteint pas l’échelon maximum. Pour en avoir une idée plus précise, l’OCDE a aussi publié le temps moyen qu’il faut pour l’atteindre : 34 ans (p 445). Je ne vais pas comparer ce chiffre avec les autres pays. 9 pays font aussi long ou plus long, les autres moins. Toujours est-il que c’est long, 34 ans, et on peut penser à de nombreux enseignants qui ne l’atteindront jamais. Et qui resteront, inéxorablement, en dessous de la moyenne de l’OCDE, et vraiment en dessous de la moyenne des pays de l’Europe de l’Ouest.
Une dernière remarque. Luc Châtel a pris acte de ces chiffres début septembre, et a regretté que les heures supplémentaires, et les différentes primes ne soient pas prises en compte par l’OCDE. Pour ce qui est des primes, p 449 du même document, figure un tableau recensant les différentes situations où elles existent dans les pays membres. Le résultat est clair : la France ne semble pas donner plus de primes que les autres pays. Sans, il faut le reconnaître, que le montant de ces primes soient précisées. Pour les heures supp’, il est vrai que les enseignants du secondaire en ont, globalement, autant qu’ils le veulent. Ce qui est permis par une durée de travail statutaire de 18 heures (devant les élèves). Il est à noter que les professeurs du primaire ont un temps de travail de 27 heures, avec beaucoup moins de prime, et une possibilité très restreinte de faire des heures supplémentaires.
Certaines statistiques complémentaires sont donc nécessaires pour parfaire l’analyse, puisque d’après le ministre de l’éducation nationale, il faut augmenter de 10 à 13 % les montants annoncés par l’OCDE pour arriver aux vrais salaires des professeurs. Et il est inutile de comparer alors ces résultats aux autres pays, pour lesquels il faudrait aussi augmenter les montants… Sans compter le temps de travail, qui est très difficile à comparer, entre des pays où comme la France, seulement la présence devant les élèves est comptabilisé et d’autres, où le temps de travail tient compte des réunions, d’heures d’astreinte dans les établissements… Et puis on peut parler de la pénibilité du travail, lié aux nombres d’élèves par classe, aux diverses obligations complémentaires…
allez, une petite pause… la vie des profs, vue par W. Disney (1952)…
A suivre : le budget par an, et par élève/étudiant. [ Ouille, celle-là aussi a été âprement commentée. ]