Archives pour la catégorie biologie

Gif de science… #1 Triops

Une petite série d’articles courts, qui viennent illustrer (à moins que ce ne soit le contraire !) une ou deux images animées GIF… ça vous dit ?

Il y a quelques semaines, on a acheté un kit pour élever des triops au petit dernier de la famille… Et contre toute attente, on en a eu un, qui aujourd’hui fait 3-4 cm de long…

L’internet mondial regorgeant d’infos sur les triops, il serait inutile de s’étendre dessus pendant longtemps. Présentés comme des « animaux préhistoriques », ces crustacés présents un peu partout sur Terre, avaient des ancêtres remarquablement proches morphologiquement il y a 200 millions d’années. Mais Wikipédia vous renseignera très efficacement !

Sur ce Gif, deux choses sont sympas à noter :

  • Le triops est sur le ventre, et on voit ainsi toutes ses pattes, qui en bougeant donnent un mouvement global ondulant lui permettant d’avancer, de fouiller dans le sable…
  • Le triops mue, et sa mue est encore accrochée à lui sur le gif : on la voit à gauche de l’image !

Ah, au fait, ces charmantes créatures se trouvent également à l’état sauvage en France, dans des mares temporaires, comme dans cette vidéo du Marais Poitevin !

 

Trop de faux positifs en IRM fonctionnelle : un travail scientifique remarquable

Le papier d’Anders Eklund a fait grand bruit dans la presse généraliste (anglophone) et spécialisée (surtout anglophone aussi) : le traitement des données par les logiciels d’IRM fonctionnelle minimise les faux-positifs, et transforme des résultats douteux en des corrélations apparemment statistiquement irréprochables.(1)

 

En IRM fonctionnelle, un double traitement statistique

Un résultat scientifique est considéré comme fiable si le risque que l’effet mesuré ne soit dû qu’au hasard est inférieur à 5 % (le fameux p < 0,05, sésame pour la publication des résultats dans la plupart des revues). Afin de minimiser ce risque, les études doivent multiplier les expériences, et ainsi accumuler suffisamment de données, pour conclure sur l’existence, ou non, d’une corrélation/ d’un effet/ d’un lien entre les facteurs étudiés.

Le problème, c’est qu’en IRM, le traitement statistique n’est vraiment pas simple. Afin d’y voir plus clair, revenons rapidement sur le principe de cette technique : La machine à Imagerie par Résonance Magnétique se base sur les propriétés magnétiques des molécules présentes dans l’organe examiné. Dans le cerveau, les zones activées lors d’un exercice intellectuel consomment davantage de dioxygène que les autres zones : cet appauvrissement en oxygène change localement les propriétés magnétiques, et c’est ça qui est détecté par la machine. (pour davantage d’explication, vous pouvez aller voir cet article : « L’IRM, la machine à observer le cerveau« )

Le cerveau est donc (virtuellement) découpé en petit cube de quelques mm³, appelés voxels, et lors d’une expérience d’IRM fonctionnelle, l’activité de chaque voxel est mesuré des dizaines de fois*. Si les mesures réalisées s’écartent suffisamment de celles attendues chez l’individu au repos, le voxel est considéré comme actif durant l’examen. Suffisamment, cela signifie « avec un risque de faux positif suffisamment faible« , et on retrouve ainsi le facteur p, qui doit être, pour chaque voxel, inférieur à 5 %, ou mieux, 1% voire 0,1 %…

Bon, jusque là, tout va -à peu près- bien. Le soucis, c’est que même avec un risque de faux positif de 1 sur 1000 pour chaque voxel (ce qui est déjà très fiable), on risque d’arriver à une cartographie 3D du cerveau qui risque d’être complètement fausse ! En effet, il faut considérer plusieurs centaines de milliers de voxels pour un cerveau : la probabilité que l’activité d’au moins un d’entre eux soit effectivement faussement positive est approximativement égale à 100 %.

Une seconde étape de traitement statistique vient alors à la rescousse : les voxels dont l’activité est cohérente sont regroupés entre eux, et forment de petites structures appelés clusters. Les caractéristiques de ces structures sont à leur tour comparées avec celle qui se forment également au repos. Encore une fois, il s’agit de vérifier que, d’un point de vue statistique, le risque de faux positifs reste inférieur à la limite que l’on s’est fixé.

A l’issu de ces deux traitements, la cartographie 3D des zones au repos et des zones actives du cerveau du patient est censée être fiable.

Les méthodes dites paramétriques : Pas assez fiables en IRM fonctionnelle !

Afin de vérifier la fiabilité de ce traitement statistique, et surtout des méthodes qu’il utilise, Eklund et ses collègues se sont servis des données du Human Connectome Project, qui sont totalement et gratuitement accessibles, et les ont testé à l’aide des trois logiciels actuellement utilisés en laboratoire. Leur idée est simple : les IRM fonctionnelles d’individus sains et au repos ne doivent pas faire apparaître de différences statistiquement significatives.

Regroupant les données par groupe de 20 sujets, choisis aléatoirement parmi 499, ils ont montré que les logiciels, quelque soient leur paramétrage, établissaient des différences inter-groupes soi-disant statistiquement significative, et ce, bien au-delà des 5 % d’erreurs tolérées. Bref, les résultats des 30 000 publications se basant sur les IRM fonctionnelles ont été obtenus avec des traitements statistiques… faux.

Pour faire vite, sur un sujet que je ne maîtrise pas en profondeur, les méthodes statistiques dites paramétriques utilisées par les logiciels reposent sur des hypothèses sur les modèles de répartition des valeurs et mesures. Mais encore faut-il que ces modèles soient adaptés aux expériences, ce qui ne semble pas être le cas ici. En fait, personne n’avait réellement, en 30 ans d’utilisation d’IRM fonctionnelle, vérifié que ces modèles étaient adaptés.

Il existe également des méthodes dites non paramétriques, qui nécessitent des calculs bien plus long et complexes, mais qui permettent de ne pas faire d’hypothèses sur les modèles de répartition. Elles sont connues depuis longtemps, mais cela ne fait qu’une poignée d’année que les chercheurs peuvent les utiliser réellement, grâce aux progrès informatiques… Eklund a d’ailleurs pu vérifier dans sa publication, sur le même corpus, qu’elles donnaient des résultats tout à fait acceptables.(2)

Une démarche globale et une conclusion impeccables… De la bonne science !

A delà du côté sexy de la publication, c’est la démarche de ce travail (3) qui m’a particulièrement séduit, et la mise en lumière du fonctionnement des neurosciences.

Pendant son doctorat, Enders Eklund a pu constaté, à l’aide de données limitées, que les méthodes paramétriques ne donnaient pas toujours des résultats bien fiables en IRM fonctionnelle. Après son post-doc, se rendant compte que ses premiers travaux n’ont pas été repris et complétés, il a retroussé les manches, et entrepris le travail beaucoup plus poussé présenté dans cet article .

Mais au lieu de publier directement, il a d’abord proposé ses méthodes et ses résultats à l’ensemble de la communauté scientifique grâce à la plateforme de pré-publication arXiv. C’est donc une version améliorée, et dont la démarche a été validée par d’autres scientifiques qui a été publiée dans PNAS. Ce mode de construction des connaissances permet pour moi d’éloigner la recherche du sensationnalisme, tout en proposant des résultats davantage robustes, puisqu’ils auront pu être éventuellement retravaillés, et reproduits.**

Ce qui est intéressant également, c’est de constater que les neuroscientifiques qui utilisent l’IRM fonctionnelle ne semblent pas maîtriser les outils informatiques et mathématiques qu’ils utilisent au quotidien. Inutile de leur lancer la pierre, c’est également le cas de nombres de biologistes, des chimistes,… (Sans parler des médecins, incapables de revenir sur leurs pratiques quand bien même les études scientifiques les contredisent…). En neuroscience, l’IRM fonctionnelle joue un rôle central de « preuve », pour un grand nombre d’assertion qui arrivent, telles quelles, chez le grand public. On apprend pourquoi « L’eau coupe l’appétit« , que « on a localisé le fameux esprit de noël dans le cerveau« , qu' »il faut jouer aux jeux vidéos contre la sclérose en plaque« … Bref, si l’IRM fonctionnelle le dit, c’est que c’est vrai !! Les neuroscientifiques ont donc une responsabilité lourde à porter : on leur fait (démesurément) confiance. Raison de plus pour qu’ils maîtrisent leurs méthodes et les réactualisent…

Enfin, reste la fameuse question : faut-il jeter les 30000 études de neurosciences réalisées à l’aide d’IRM fonctionnelle ? Pour les auteurs, il n’en est pas question. Certaines présentent sans aucun doute des résultats erronés. Mais en général, elles se trouvent rapidement marginalisées, puisqu’elles ne sont pas reproductibles. Seules les conclusions entérinées par plusieurs publications, par des méta-analyses persistent après quelques années. Et c’est valable pour toutes les disciplines scientifiques ! Ce travail nous (ré-)apprend ainsi que le temps de la recherche scientifique s’accorde mal avec le temps des actualités et du sensationnel… Ne l’oublions pas !

 

 

* Comme il faut plusieurs secondes par mesure à chaque fois, cela prend de nombreuses minutes, pendant lesquelles le sujet est placé dans la machine, qui est tout sauf rassurante, et risque également de perturber les mesures… Mais c’est encore un autre problème...

** L’American Chemical Society, plus gros éditeur des journaux de chimie a annoncé la mise en ligne de son propre service de pré-publication, appelée ChemrXiv. Espérons que cette initiative, d’un groupe tout à fait privé, et très peu enclin à l’accès libre des publications, puisse présenter les mêmes intérêts qu’arXiv…

(1) « Cluster Failure : Why fMRI inferences for spatial extent have inflated false-positive rates » A Eklund et al. PNAS 2016

(2) on pourra regarder le début -et la suite- de ce cours pour comprendre les différences et les enjeux des méthodes paramétriques et non paramétriques (pdf)

(3) On pourra lire le récit de cette démarche sur le site de l’Université de Linköping (Suède)

Réchauffement climatique et rififi dans les couples pollinisateurs/fleurs

A cause du réchauffement climatique, des changements physiologiques importants peuvent se produire dans les espèces animales, et tout particulièrement chez les insectes. Changements permettant de mieux survivre aux évolutions environnementales…

Une équipe américaine a travaillé sur deux espèces de bourdons (Bombus balteatus et Bombus sylvicola) en milieu alpin. Ces insectes pollinisateurs ont, ou plutôt avaient, la particularité d’avoir une trompe longue, ce qui constitue un avantage évolutif pour collecter efficacement le nectar des fleurs présentant une corolle longue, en tube. Les scientifiques se sont aperçus qu’en 40 ans, la trompe de ces espèces s’était raccourcie de 26 % en moyenne, passant, globalement, de 8 à 6 mm chez B. balteatus et de 6 à 4 mm chez B. sylvicola.

Bombus Balteatus (crédit : D. Sikes)

Bombus Balteatus (crédit : D. Sikes)

Différences hypothèses ont été évaluées, comme par exemple un changement dans la proportion fleurs au tube court versus tube long, un changement morphologique global de ces insectes (leur taille qui diminuerait), ou une concurrence accrue avec de nouveaux pollinisateurs.

Pour les auteurs de cet article, il faut plutôt chercher du côté de la raréfaction globale des fleurs dans les alpages, qui favorise des insectes plus polyvalents (c’est-à-dire, ici, des insectes à la trompe plus courte).* En effet, en raison du réchauffement climatique, particulièrement sensible en haute altitude, les étés sont devenus plus chauds et plus secs, ce qui a provoqué une diminution spectaculaire du nombre de fleurs. A titre d’exemple, sur un des sites étudiés, « Pennsylvania Montain » dans les Rocheuses, entre 3600 et 3900 m d’altitude, la quantité de fleurs a diminué de 60 % en 40 ans.

Ce sont les insectes aux trompes courtes qui sont les plus polyvalents (contrairement, d’ailleurs, à ce que je pouvais imaginer). Le raccourcissement des trompes de ces deux Bombus leur a permis d’atteindre une plus grande diversité de fleurs, compensant ainsi, en partie, la disparition de leur stock de nourriture.

Les résultats de cet articles sont à la fois encourageants et inquiétants :

  • d’une part, ces espèces ont évoluées très rapidement afin de s’adapter aux modifications liées au réchauffement climatique, ce qui permet d’espérer que les pollinisateurs arrivent à « encaisser le coup » de la modification drastique et rapide du climat.
  • Mais d’autre part, la contrepartie de cette évolution, c’est la « déconnection » (traduction libre et personnelle du « mismatch » de la publication) des espèces entre elles : les bourdons et les fleurs d’alpages sont liées par une interaction de type « mutualisme », c’est-à-dire qu’elles tirent partie, chacune, de l’action de l’autre : le bourdon se nourrit, la fleur se reproduit. Une modification de l’une des espèces peut donc mettre en danger l’autre ! Ici, les bourdons pourraient polliniser de façon moins efficace les fleurs à long tube, en étant moins spécifiques de ces fleurs… Et ainsi conduire à la fragilisation de ces espèces.

Pour l’instant, il n’a pas été observé de modifications dans les proportions entre les espèces florales à tube plus ou moins long. Mais il me semble qu’il serait peu étonnant que des évolutions brutales survenant sur une espèce puissent laisser sur le carreau certaines de celles qui en dépendent.

 

(*) Evidemment, ils ont invalidé les hypothèses précédentes : pas de modification de la proportion fleurs à tube long/ fleurs à tube court ; Pas de modification de la taille de l’insecte ; Pas de nouvelle concurrence avec les nouveaux pollinisateurs.

« Functionnal Mismatch In A Bumble Bee Pollination Mutualism Under Climate Change » N. E. Miller-Struttmann et al. Science 2015, 349 (6255), 1541-1544.

Le bio peut-il nourrir la planète ?

En contrepoint à un billet que j’avais publié il y a déjà quelques temps ( « Alerte, le bio va tous nous faire mourir de faim ! » ), je souhaite partager cette vidéo toute simple de Jacques Caplat, agronome, et auteur de « L’agriculture biologique pour nourrir l’humanité » aux éditions Actes Sud.

S’il en fallait retenir un passage, je choisirais celui-là, à propos de la comparaison entre agriculture conventionnelle et agriculture biologique :

« [Dans les études nord-américaines et européennes qui comparent agriculture biologique et agriculture conventionnelle, on compare les rendements d’un côté du] blé en monoculture clonale, de variété standard, sélectionné pour la chimie, sans écosystème, et soutenu par la chimie, et de l’autre un blé en monoculture clonale, de variété standard, sélectionné pour la chimie, sans écosystème, mais auquel [on] enlève la chimie. Il est évident que le deuxième va avoir un moins bon rendement que le premier.« 

La vidéo fait 15 minutes. Prenez le temps de la regarder.

[N.B. : la vidéo ne semble pas bien marcher ici, je ne sais pas pourquoi… Retrouvez là, sur Youtube à cette adresse : http://www.youtube.com/watch?v=madBQTLOHKk ]

 

Chez les oiseaux [Sortie familiale inside]

Une fois n’est pas coutume, je vais faire un peu de pub. [Gratuite, il va sans dire]. Il y a trois jours, on est allé en famille au « Parc des Oiseaux » à Villars-les-Dombes, près de Lyon. Vous savez la (et pas « les ») Dombes, c’est cet ensemble de plus de mille étangs entre le Rhône au Sud et à l’Est, la Bresse au Nord, et la Saône à l’Ouest. Ces étangs, d’origine humaine, ont été pendant des siècles un immense de réservoir à moustiques, et donc à paludisme… Maintenant, ces étendues d’eau sont des réservoirs à carpes, brochets, grenouilles… Et font le bonheur des oiseaux. Les canards y pullulent, et cotôient les hérons cendrés, et les cigognes,… et les pélicans.

Parce que c’est une des raisons de la grande qualité de ce parc : les oiseaux y semblent parfaitement à leur place. Les cigognes nichent au sommet des poteaux des volières de perroquets, le héron pêche dans l’étang des pélicans, et les col-verts… Bon, les col-verts sont partout. Au milieu des autruches, près des grues cendrées, dans les pattes des visiteurs, etc…

Alors; pour vous mettre l’eau à la bouche, j’ai pris quelques photos de quelques animaux… Je préviens tout de suite, je ne suis pas photographe animalier. Ces photos sont en licence CC-BY-SA, et ne sont là que pour montrer un peu la diversité des oiseaux que l’on peut voir (si vous les voulez avec une meilleure résolution, y a qu’à me contacter, je peux les envoyer par mail)…

Canard Carolin ou Branchu, faisant sans doute la sieste. Quand on n'a vu que des espèces de canard européennes, les couleurs éclatantes de cette espèce sont impressionnantes !!

Canard Carolin ou Branchu, faisant sans doute la sieste. Quand on n’a vu que des espèces de canard européennes, les couleurs éclatantes de cette espèce sont impressionnantes !!


Bon, y a pas non plus que des canards…

 

La petite chouette chevêche. La plus diurne des chouettes, d'après Wikipédia. Tant mieux !

La petite chouette chevêche. La plus diurne des chouettes, d’après Wikipédia. Tant mieux !

Restons dans les rapaces. Saurais-vous reconnaître cet oisillon ? Facile !

Une légende accompagnait sa couveuse :  »Cet oisillon n’est PAS en mauvaise santé, ni prématuré ! » Alors, qui est il ?

Continuons, notre visite (dans le désordre) avec un autre charognard, non rapace cette fois.

Le marabout se dore au soleil, ses immenses ailes noires grandes déployées

Le marabout se dore au soleil, ses immenses ailes noires grandes déployées. Un biologiste me dira sans aucun doute en quoi la « glotte » présente un avantage évolutif pour cette espèce !

 

Le même marabout, assis. On remarque bien le crâne décharné, et la position caractéristiques des échassiers (?), pattes fléchies.

Le même marabout, assis. On remarque bien le crâne décharné, et la position caractéristiques des échassiers (?), pattes fléchies.

On continue, toujours dans le désordre. Une des stars des zoos maintenant, en liberté dans ce parc :

cul du paon 640Hum… Il est plus connu « à l’endroit »

Ce qui est fou, c'est qu'il avait beau faire la roue, j'étais le seul à essayer de le prendre en photo... Ça marche pas fort pour lui, question drague !

Ce qui est fou, c’est qu’il avait beau faire la roue, j’étais le seul à essayer de le prendre en photo… Ça marche pas fort pour lui, question drague !

Tiens, au milieu de ces oiseaux bien connus, un canard mystère ! Vous sauriez le reconnaître ? (Pour tout vous dire, moi non.)

Une jolie tête noire et blanche... Mais qui est il ?

Une jolie tête noire et blanche… Mais qui est il ?

Bien sûr, il y a des autruches dans ce parc. Mais ici, ce n’en est pas une. Une idée ? (Cette fois, moi je sais !)

En fait, les autruches sont plus grosses, mais nettement moins bien plumées !

En fait, les autruches sont plus grosses, mais nettement moins bien plumées !

Quelques oiseaux tropicaux maintenant.

Toucan Vitellin. Il était tout mignon, mais quel boucan !

Toucan Vitellin. Il était tout mignon, mais quel boucan !

Le spatule rose. On dirait presque qu'il est dans son habitat naturel. C'est un ibis rouge juste derrière.

Le spatule rose. On dirait presque qu’il est dans son habitat naturel. C’est un ibis rouge juste derrière.

 

Un cacatoès blanc, dans sa cage. Classique

Un cacatoès blanc, dans sa cage. Classique !

Les échassiers sont souvent à l’honneur dans ce parc… En voici deux, magnifiques, et de tailles vraiment impressionnantes (au delà de 1m50 )

Grue Caronculée. 1m75 de haut tout de même. Et une photogénie impressionnante !

Grue Caronculée. 1m75 de haut tout de même. Et une photogénie impressionnante !

J'ai oublié de relever le nom de cet anima là... Quelqu'un saurait le reconnaître, grâce à sa tête rouge ? On remarque aussi la même position, pattes pliées, que le marabout plus haut...

J’ai oublié de relever le nom de cet animal là… Quelqu’un saurait le reconnaître, grâce à sa tête rouge ? On remarque aussi la même position, pattes pliées, que le marabout plus haut…

Un oiseau qui m’a vraiment charmé pour le coup, c’est cette petite échasse américaine. Une vingtaine de centimètre, des yeux à tomber, une silhouette merveilleuse…

trop claaaassse.

Simplement trop claaaassse.

Enfin, pour finir, cet oiseau, discret dans la serre des ibis, spatules, et flamands roses… Mais qui est-il ?

Un ornithologue, pour me donner le nom de cet oiseau ?

Un ornithologue, pour me donner le nom de cet oiseau ?

Voilà. Ainsi s’achève ce billet joliment illustré. Vous me direz, il en manque, des oiseaux, et des plus impressionnants ! Des condors, des grand-ducs, ibis, aras magnifiques, cigognes, pélicans, calaos… Oui, mais ce que j’apprécie souvent, c’est le petit oiseau discret, ou celui qui dort, ou celui que personne ne connaît. Les autres, on en trouve partout, des photos ! [Bon, et puis prendre des photos d’une main, avec un enfant dans l’autre bras, et un gros sac-à-dos pour le pique-nique … C’est pas facile facile ! ]

Donc, le parc des oiseaux, avec ou sans enfants, c’est assez formidable. Voilà ! Bonne sortie !

Le corail et le gobi…

Les histoires de symbioses entre des animaux et des végétaux sont souvent fascinantes. La plus connue est peut-être celle qui concerne les fourmis et les acacias. Par exemple, les fourmis Pseudomyrmex ferruginea avec l’acacia cornigera. Cet arbre assure en quelque sorte le gîte et le couvert pour les fourmis : Elles peuvent vivre dans les grosses épines creuses à la base des feuilles, et se nourrir de sécrétions produites spécialement pour elles par l’arbre (ce sont les petites excroissances blanches que l’on aperçoit au bout des feuilles sur la photo).

A la base de la feuille, on voit une « épine » qui peut accueillir en son sein les fourmis. En blanc, au bout des feuilles, les corps beltiens

En échange, elles combattent les prédateurs : réputées très agressives, elles éloignent les autres insectes, parasites, voire même herbivores de l’arbre colonisé. Elles font même le ménage au pied de l’arbre, supprimant les végétaux susceptibles de lui voler de la lumière !

En fait, juste en aparté, c’est la trilogie des « fourmis », par B. Werber, qui m’a fait un peu connaître cette histoire. A la fin du collège et au lycée, j’avais trouvé ces ouvrages formidables, géniaux, savants et généreux. Bon, j’en suis sacrément revenu, mais malgré les imprécisions qui frôlent parfois la malhonnêteté scientifique, je le conseille vivement à tous les jeunes intéressés par les sciences du vivant. Histoire d’apprendre à être curieux ! (Et, en vieillissant, à apprendre que c’est franchement pas rigoureux!)

Revenons à nos moutons… euh, à nos fourmis… euh, à nos gobis… Oui, parce qu’au départ, ce n’est pas de fourmis et d’acacias dont je voulais parler, mais d’une symbiose du même type… au fond des océans. Les récifs coralliens renferment une biodiversité extraordinaire, et c’est donc bien normal que l’on cherche dans ces endroits tout type de symbiose, mutualisme, parasitisme… Vous connaissez tous le joli poisson clown dans son anémone, non ? Protégé de la toxicité des anémones par un mucus, il se protège de ses prédateurs en se cachant au milieu des tentacules venimeuses. L’anémone tirerait elle aussi partie de son symbiote, de façon plus ou moins directe (voir wikipedia pour des premières idées sur le sujet)

Auteur : Nick Hobgood

Mais ce n’est pas non plus de cette relation mutualiste dont je voulais parler. Dans le numéro du 9 novembre 2012 de Science, il est reporté un mutualisme entre certains coraux et des poissons de la famille des gobis.

Dans ces récifs, il existe une lutte continuelle entre les coraux d’une part, et les algues d’autre part. Bien sûr, les coraux, c’est les gentils, qui permettent une très grande diversité de faune et de flore, qui offrent multiples abris contre les prédateurs et contre le courant. Les algues, ce sont les méchantes, beaucoup moins menacées par la surpêche, le réchauffement climatique, etc.

Cet article parle en particulier d’une algue, chlorodemsis fastigiata, et un type de corail parmi les plus courants et les plus beaux, Acropora Nasuta.

chlorodemsis fastigiata (Lovell and Libby Langstroth)

Acropora Nasuta (Gustav Paulay)

 

 

 

 

 

 

 

Cette algue pousse au pied des coraux, et les intoxique chimiquement.

[En fait, des tests ont été réalisés avec cette algue versus une fausse algue en nylon, et cette dernière n’a eu quasiment aucun effet sur l’activité photosynthétique du corail, contrairement à la vraie algue qui l’a inhibé d’environ 80 %. D’où la conclusion qu’il s’agissait bien d’une agression chimique.]

Heureusement, des poissons herbivores habitent ces coraux. Et ils nettoient consciencieusement les abords de leur hôte, qui leur offre, comme l’acacia pour les fourmis, le gîte et le couvert. On peut là encore parler de mutualisme, où chacune des espèces rend service à l’autre. [C’est rapidement dit pour le corail, qui est déjà lui même un « super-organisme », constitué d’une colonie de polype, vivant en symbiose avec du phytoplancton ou des algues photosynthétiques, les zooxanthelles, ainsi qu’avec diverses bactéries,…].

Cependant, les diverses espèces de poisson ne se comportent pas forcément de la même manière, vis-à-vis de l’algue C. Fastigiata. Là où une première espèce de gobi consomme cette algue, (Gobiodon histrio), l’autre testée (Paragobiodon echinocephalus) se contente de s’en débarasser. (D’autres espèces testées préfèrent, elles, abandonner le corail menacé par l’algue ! ). La raison est à peu près simple : Le G. Histrio sécrète un mucus toxique, qui le protège de ses prédateurs, et manger ces algues, toxiques elles-même, augmente leur toxicité ! Le P. Echinocephalus, n’étant pas toxique, la consommation de cette algue ne lui est pas bénéfique, et se contente de l’éliminer de la proximité du corail. Bref, pour le G. Histrio, non seulement se débarasser de l’algue C. Fastigiata lui permet de préserver son lieu d’habitat, mais en plus, cela le rend plus dangereux pour ses prédateurs ! La classe !

Gobiodon Histrio (J.E. Randall)

Paragobiodon Echinocephalus (J.T. Williams)

 

Une dernière chose : ce qui est un peu surprenant, c’est que les auteurs de cette étude on vérifié que la toxine de l’algue n’était tout simplement pas la même que celle du poisson, et que le poisson pouvait être toxique, sans la consommation de l’algue… Ce qui indique un mécanisme de production du poison sans doute plus complexe que si le gobi se contentait de réutiliser celui de l’algue…

Source :

Corals Chemically Cue Mutualistic Fishes to Remove Competing Seaweeds Danielle L. Dixson and Mark E. Hay, Science 2012, 338, 804

 

 

Les plantes, et leurs poisons (1) : la grande ciguë

La grande cigue est une des plantes toxiques les plus connues, grâce au fameux empoisonnement de Socrate. Elle renferme des alcaloïdes qui la rendent redoutable pour beaucoup de mammifères, dont les humains.

Un petit rappel : les alcaloïdes représentent une famille très vaste, et infiniment variée de composés organiques, puisque la seule présence d’un atome d’azote (de symbole N) dans une molécule cyclique issue du vivant lui fait intégrer cette classe. Bref, l’amoxicilline, l’antibiotique bien connu, la quinine (anti-paludéen), la nicotine (du tabac), ou la strychnine sont des alcaloïdes…

Alors, de quels alcaloïdes s’agit-il ?

Petit panorama de ces molécules :

[Petit rappel pour les non-chimistes : les schémas des molécules se décryptent ainsi : les traits montrent les liaisons entre les atomes de carbone, sauf si ils aboutissent à un symbole d’un autre élément (par exemple N pour azote, O pour oxygène. Les atomes d’hydrogène ne sont pas indiqués lorsqu’ils sont reliés aux carbones, mais sont omniprésent, de telle manière que chaque carbone aie 4 liaisons. Si une seule est visible sur le schéma, alors 3 hydrogènes sont reliés à cet atome, si on en voit 2, alors il y a 2 liaisons, etc…]

J’espère que vous pouvez admirer la très grande similarité de ces 5 molécules ! [Je n’ai pas représenté ici les stéréoisomères possibles, je garde l’introduction de cette notion pour d’autres poisons, d’autres plantes]. Si on devait les décrire, on parlerait d’un cycle à 6 atomes contenant l’azote, appelé pipéridine, et une chaîne latérale de 3 carbones, appelée propyle. Finalement, ces différentes molécules correspondent à des modifications très mineures de la structure de la conine; la conicéine correspondant au « repli » de cette chaîne latérale sur l’azote, formant ainsi un second cycle, fusionné au premier.

D’un point de vue pharmacologique, cette petite molécule va en particuler venir se fixer sur les récepteurs nicotiniques situés au niveau des terminaisons nerveuses au niveau des muscles, provoquant paralysie, convulsion, et autres petits problèmes entraînant la mort…

Ah, au fait, les cigûes, présentes dans toute l’Eurasie, peuvent se distinguer d’autres plantes de la même famille (qui regroupe aussi des plantes potagères comme les carottes ou les panais), grâce à leur odeur assez forte d’urine lorsqu’on froisse les feuilles, et aussi grâce à leurs tiges sans poil, présentant des zones rouges.

Sources :

wikipedia

http://reco-plantes-fraiches.servhome.org/Reconnaitre/Grande%20cigue/Grande%20cigue.htm

http://jardinsfamiliauxhsc.wifeo.com/les-plantes-toxiques.php#cigue

 

Un peu de lecture pour cet été… (2)

Et bien vous savez quoi, mon billet précédent a convaincu au moins Une personne d’acheter le livre « chimie industrielle » ! Quel succès ! Je vais essayer de faire mieux aujourd’hui en vous présentant un ouvrage passionnant, s’intitulant « l’étreinte du crapaud ». Oui, bon, ceux qui n’en ont pas déjà entendu parler vont jaser et dire qu’il y a plus vendeur comme titre. Mais c’est écrit par Arthur Koestler, auteur du « zéro et l’infini » (sur le totalitarisme) et de l’excellent « les call-girls » sur les scientifiques et leurs congrès. [Ce dernier ouvrage est aussi à lire ABSOLUMENT]

Donc, dans ce bouquin, Koestler revient, à la manière d’une enquête policière, sur le cas Paul Kammerer, biologiste, et de son suicide, dont la raison reste obscure.

Paul Kammerer (1880-1926), c’est ce biologiste de l’université de Vienne qui passa sa vie à élever des amphibiens, et en étudiant d’éventuelles évolutions de ceux-ci liés à l’environnement. Oui, parce que Kammerer était Lamarckien.

(Rappel (trop) rapide : Lamarck était partisan de la transmission des caractères acquis, ce qui est opposé au modèle darwinien, de la sélection naturelle)

En cette qualité (?) de lamarckien, il a été en opposition très rude avec certains grands biologistes de l’époque, W. Bateson (l’inventeur du terme « génétique », d’après Koestler) tout particulièrement. Et cela a mal fini. Je ne parle pas du suicide, qui n’est pas sans doute directement lié à cette histoire. Par contre, d’un point de vue scientifique, la polémique s’est achevé sur une histoire de falsification grossière.

Il me faut aller plus loin maintenant. Paul Kammerer était un expérimentateur hors-pair. A son époque, personne ne savait comme lui maintenir, et se faire reproduire en captivité les amphibiens. Il travaillait en particulier sur des salamandres, des crapauds (le fameux crapaud accoucheur), des protées, et des ascidies. En les faisant se reproduire dans diverses conditions, il a tenté de prouver que les modifications acquises pendant une génération pouvait se transmettre à la suivante. Et d’après ses partisans de l’époque et actuels, il y est parvenu. Koestler n’est pas biologiste, mais ce qu’il retranscrit est effectivement troublant (pour un non expert comme moi).

Je vous cite un exemple. Les ascidies sont des organismes marins pourvus de deux siphons, un pour aspirer l’eau, un pour la reccracher, après qu’elle ait été filtrée. P. Kammerer affirme que lorsqu’on coupe ces siphons, ils repoussent plus longs, plus fins. Il semblerait que cela ne soit pas le premier, dans les années 1910 à avoir observé cela. Par contre, les descendants des ascidies mutilés présentent directement des siphons plus longs (voir l’update !).

Les expériences qui ont été les plus critiquées, et les plus contestées concernent les crapauds accoucheurs (alytes obstetricans).

Les populations vivant en milieu humide se distinguent de celles en milieu sec par l’existence de « brosses » noires au niveau de deux de leurs pattes, nécessaires pour s’accrocher à la femelle lors de la reproduction. P. Kammerer a affirmé avoir réussi, en forçant à se reproduire des crapauds issus de milieux secs dans des milieux humides, à obtenir des descendants possédant au bout de 2 ou 3 générations ses fameuses brosses. D’après Koestler, le scientifique autrichien ne tenait pas ces résultats pour des preuves de transmission de caractères acquis, puisqu’ils pouvaient tout aussi bien être expliqués par le phénomène d’atavisme par exemple. En fait, W. Bateson a simplement mis en doute l’existence même des crapauds « mutants ». Lorsqu’ils ont été présenté au Royaume-uni, et que des confrères anglais ont confirmé la présence de ces excroissances sur les spécimens amenés, Bateson a soigneusement évité de les examiner, alors même qu’il y était invité lors d’une conférence. Par contre, lors de l’examen du dernier exemplaire encore à peu près conservé, après la destruction accidentelle du labo de Kammerer, il s’est avéré que quelqu’un avait grossièrement maquillé le sujet à l’aide d’encre de chine…

Je n’irai pas beaucoup plus loin dans la description des expériences relatées, des contre-expériences, des faisceaux de preuves apparus… Il faut pour cela lire ce livre, qui se dévore comme un polar.

Koestler réhabilite franchement Paul Kammerer. Mais de façon éclairée, et passionnante (pas comme dans un film soviétique intitulé « La Salamandre », où le savant, héros de la science et du socialisme est manipulé par un méchant prêtre capitaliste et petit bourgeois). Ces expériences, en plein essor du darwinisme, paraissaient totalement hérétique, et, même si je suis sensible aux argumentaires déployés, je ne me permettrais pas d’émettre un point de vue scientifique dessus.

Le fait est qu’en 1972, lorsque Koestler a écrit son livre, personne n’avait tenté de reproduire proprement le travail de l’autrichien, y compris sur les ascidies, qui d’après l’auteur, ne nécessite pas les soins particuliers et la patience des expériences sur les amphibiens. Je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui.

En 2009 néanmoins, et à la lumière du nouveau champ disciplinaire qu’est l’épigénétique (« L’épigénétique est le domaine qui étudie comment l’environnement et l’histoire individuelle influent sur l’expression des gènes, et plus précisément l’ensemble des modifications transmissibles d’une génération à l’autre et réversibles de l’expression génique sans altération des séquences nucléotidiques. » (Wikipédia)), des biologistes reposent la question : et si P. Kammerer avait simplement mis le doigt sur des transmissions de caractères acquis liés non pas à quelques théories vitalistes ou Lamarckiennes, mais à l’épigénétique ? (lire l’article dans Science à ce sujet)

Faut-il à nouveau, comme l’avait fait P. Kammerer dans son temps, et le généticien A. Surani (de Cambridge) en 2009, exhorter les biologistes aujourd’hui à enfin re-tenter les expériences sur les crapauds accoucheurs, les ascidies, les salamandres ?

Update : Je viens de trouver cet article, réfutant apparemment les travaux de P Kammerer sur les ascidies. Un poids de plus vers la théorie de la falsification massive de résultats ?

Pour ceux qui ne pourront jamais les réaliser, ces expériences, il reste ce livre à lire, et cet article, à commenter abondamment !

N.B. : Bernard Werber, dans son livre « les fourmis », contribue à donner une image complètement faussée de l’affaire, ou Kammerer se retrouve la pauvre petite biche d’un méchant complot… Et ce sont les quelques lignes qu’il a écrit qui se retrouvent éparpillées sur le net…